jeudi 27 novembre 2014

Ebola en Afrique de l’ouest : le mythe de la solidarité africaine!

Ebola en Afrique de l’ouest : le mythe de la solidarité africaine
Bientôt un an que la fièvre à Ebola a refait son apparition en Afrique, cette fois dans l’ouest du continent. Son évolution est des plus inquiétantes, car elle a déjà fait plus de 5000 victimes (en Guinée, Libéria, Sierra Léone, Nigéria, Mali). Son expansion et sa progression suscitent beaucoup d’inquiétude. Aucun pays, fut-il à des millions de km, n’est épargné.
S’il faut s’interroger sur le fait que cette fois-ci l’apparition de la fièvre à virus Ebola est plus difficile à maîtriser, cependant il faut encore plus s’interroger sur la léthargie des États africains ainsi que des organisations politiques et économiques sous-régionales. Le délai de réaction par exemple de la CEDEAO est des plus déconcertants et les mesures adoptées par celle-ci dont plusieurs pays membres sont touchés en dit long sur la signification encore aujourd’hui de la solidarité africaine. Existe-t-elle encore, cette solidarité tant vantée en Afrique ou est-elle simplement un mythe?
À en croire la réaction des uns et des autres États voisins immédiats ou non, force est de reconnaître que la solidarité dans ce cas d’espèce ne fut pas du tout africaine, mais occidentale. Bien au contraire ce que furent les premières réactions des voisins des pays touchés est la fermeture des frontières, l’interdiction de vols et de tout contact, etc. Aucune aide conséquente n’a été signalée à l’horizon. Chacun se barricadant chez soi sans prendre la mesure de l’ampleur du problème. Les pays victimes d’Ebola ont expérimenté l’abandon et l’isolement des autres États frères. Un proverbe africain ne dit-il pas que : « lorsque la case de ton voisin brûle, il faut l’aider à éteindre le feu plutôt qu’attendre chez soi pour prévenir le feu » Car mieux on s’unira à lui pour éteindre le feu, moins on risque à son tour un incendie chez soi ….
Cette même attitude est observée par les organisations politiques comme l’UA et la CEDEAO, la CEMAC, l’UEMOA, etc. qui sont restées indolentes dans cette crise en laissant le soin à l’Union Européenne et bien d’autres organismes occidentaux la responsabilité de trouver les moyens financiers nécessaires. Jusques à quand les institutions, les organismes et les organisations africains seront aussi capables de réagir efficacement face des situations de crise sans toutefois laisser le soin à d’autres d’agir à leur place. Un autre fait marquant est à signaler, et nous ne sommes pas les premiers à en parler, car Jeune Afrique s’était déjà interroger sur le rôle des milliardaires Africains dans cette crise.
« Mais où sont passés les milliardaires africains ? Alors que Bill Gates, cofondateur de Microsoft, et Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, annoncent donner respectivement 50 et 25 millions de dollars (soit près de 40 millions et de 20 millions d'euros) à la lutte contre Ebola, leurs homologues du continent se murent dans un silence assourdissant. Pas de nouvelles du Nigérian Aliko Dangote, l'Africain le plus riche (29e mondial), avec une fortune estimée à 22,8 milliards de dollars. Ni d'Isabel dos Santos, 7e fortune d'Afrique (et femme la plus riche du continent), 472e mondiale, avec 3,4 milliards de dollars d'avoirs. Ni de l'Égyptien Nassef Sawiris, 4e sur le continent et 243e au niveau mondial.». (Jeune Afrique du 5/11/2014, par Clarisse Juompan-Yakam).
Peut-on encore parler de solidarité africaine face à l’indifférence notoire dont font montre les États africains et les organisations économiques et politiques sous-régionales ainsi que ces milliardaires du continent? Par ailleurs, il n’est pas encore tard pour prouver l’efficacité de la solidarité africaine dans pareilles situations. Nous pourrions vaincre Ebola si nous unissons nos forces et nos moyens.

jeudi 6 novembre 2014

EXAMEN DU COURS D'INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE

sujet 1: La philosophie est-elle la science de tout ou la science du tout?
sujet 2: La méthode philosophique s'assimile-t-elle à la rhétorique?

 sujet 3. Commentez ce texte philosophique.

 J’aurais voulu premièrement y expliquer ce que c’est que la philosophie, en commençant par les choses les plus vulgaires, comme sont : que ce mot philosophie signifie l’étude de la sagesse, et que par la sagesse on n’entend pas seulement la prudence dans les affaires, mais une parfaite connaissance de toutes les choses que l’homme peut savoir, tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé et l’invention de tous les arts ; et qu’afin que cette connaissance soit telle, il est nécessaire qu’elle soit déduite des premières causes, en sorte que pour étudier à l’acquérir, ce qui se nomme proprement philosopher, il faut commencer par la recherche de ces premières causes, c’est-à-dire des principes ; et que ces principes doivent avoir deux conditions : l’une, qu’ils soient si clairs et si évidents que l’esprit humain ne puisse douter de leur vérité, lorsqu’il s’applique avec attention à les considérer ; l’autre, que ce soit d’eux que dépende la connaissance des autres choses, en sorte qu’ils puissent être connus sans elles, mais non pas réciproquement elles sans eux ; et qu’après cela il faut tâcher de déduire tellement de ces principes la connaissance des choses qui en dépendent, qu’il n’y ait rien en toute la suite des déductions qu’on en fait qui ne soit très manifeste. Il n’y a véritablement que Dieu seul qui soit  parfaitement sage, c’est-à-dire qui ait l’entière connaissance [3] de la vérité de toutes choses ; mais on peut dire que les hommes ont plus ou moins de sagesse à raison de ce qu’ils ont plus ou moins de connaissance des vérités plus importantes. Et je crois qu’il n’y a rien en ceci dont tous les doctes ne demeurent d’accord.
J’aurais ensuite fait considérer l’utilité de cette philosophie, et montré que, puisqu’elle s’étend à tout ce que l’esprit humain peut savoir, on doit croire que c’est elle seule qui nous distingue des plus sauvages et barbares, et que chaque nation est d’autant plus civilisée et polie que les hommes y philosophent mieux ; et ainsi que c’est le plus grand bien qui puisse être en un État que d’avoir de vrais philosophes. Et outre cela que, pour chaque homme en particulier, il n’est pas seulement utile de vivre avec ceux qui s’appliquent à cette étude, mais qu’il est incomparablement meilleur de s’y appliquer soi-même; comme sans doute il vaut beaucoup mieux se servir de ses propres yeux pour se conduire, et jouir par même moyen de la beauté des couleurs et de la lumière, que non pas de les avoir fermés et suivre la conduite d’un autre ; mais ce dernier est encore meilleur que de les tenir fermés et n’avoir que soi pour se conduire. C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n’est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu’on trouve par la philosophie ; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que n’est l’usage de nos yeux  [4]  pour guider nos pas. Les bêtes brutes, qui n’ont que leur corps à conserver, s’occupent continuellement à chercher de quoi  le nourrir ; mais les hommes, dont la principale partie est l’esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture ; et je m’assure aussi qu’il y en a plusieurs qui n’y manqueraient pas, s’ils avaient espérance d’y réussir, et qu’ils sussent combien ils en sont capables. Il n’y a point d’âme tant soit peu noble qui demeure si fort attachée aux objets des sens qu’elle ne s’en détourne quelquefois pour souhaiter quelque autre plus grand bien, nonobstant qu’elle ignore souvent en quoi il consiste. Ceux que la fortune favorise le plus, qui ont abondance de santé, d’honneurs, de richesses, ne sont pas plus exempts de ce désir que les autres ; au contraire, je me persuade que ce  sont eux qui soupirent avec le plus d’ardeur après un autre bien, plus souverain que tous ceux qu’ils possèdent. Or, ce souverain bien considéré par la raison naturelle sans la lumière de la foi, n’est autre chose que la connaissance de la vérité par ses premières causes, c’est-à-dire la sagesse, dont la philosophie est l’étude. Et, parce que toutes ces choses sont entièrement vraies, elles ne seraient pas difficiles à persuader si elles étaient bien déduites. (René DESCARTES, Lettre préface des principes de la philosophie, note et commentaire de J. DANTON, Nathan, Paris, 2008, p.24-25)

SUJET 4 Commentez ce texte du pape François


"Cependant, en parlant de cette lumière de la foi, nous pouvons entendre l’objection de tant de nos contemporains. À l’époque moderne on a pensé qu’une telle lumière était suffisante pour les sociétés anciennes, mais qu’elle ne servirait pas pour les temps nouveaux, pour l’homme devenu adulte, fier de sa raison, désireux d’explorer l’avenir de façon nouvelle. En ce sens, la foi apparaissait comme une lumière illusoire qui empêchait l’homme de cultiver l’audace du savoir. Le jeune Nietzsche invitait sa sœur Élisabeth à se risquer, en parcourant « de nouveaux chemins (…) dans l’incertitude de l’avancée autonome ». Et il ajoutait : « à ce point les chemins de l’humanité se séparent : si tu veux atteindre la paix de l’âme et le bonheur, aie donc la foi, mais si tu veux être un disciple de la vérité, alors cherche »[3]. Le fait de croire s’opposerait au fait de chercher. À partir de là, Nietzsche reprochera au christianisme d’avoir amoindri la portée de l’existence humaine, en enlevant à la vie la nouveauté et l’aventure. La foi serait alors comme une illusion de lumière qui empêche notre cheminement d’hommes libres vers l’avenir.
3. Dans ce processus, la foi a fini par être associée à l’obscurité. On a pensé pouvoir la conserver, trouver pour elle un espace pour la faire cohabiter avec la lumière de la raison. L’espace pour la foi s’ouvrait là où la raison ne pouvait pas éclairer, là où l’homme ne pouvait plus avoir de certitudes. Alors la foi a été comprise comme un saut dans le vide que nous accomplissons par manque de lumière, poussés par un sentiment aveugle ; ou comme une lumière subjective, capable peut-être de réchauffer le cœur, d’apporter une consolation privée, mais qui ne peut se proposer aux autres comme lumière objective et commune pour éclairer le chemin. Peu à peu, cependant, on a vu que la lumière de la raison autonome ne réussissait pas à éclairer assez l’avenir ; elle reste en fin de compte dans son obscurité et laisse l’homme dans la peur de l’inconnu. Ainsi l’homme a-t-il renoncé à la recherche d’une grande lumière, d’une grande vérité, pour se contenter des petites lumières qui éclairent l’immédiat, mais qui sont incapables de montrer la route. Quand manque la lumière, tout devient confus, il est impossible de distinguer le bien du mal, la route qui conduit à destination de celle qui nous fait tourner en rond, sans direction."  LUMEN FIDEI LETTRE ENCYCLIQUE DU SOUVERAIN PONTIFE FRANÇOIS 


NB. TRAITEZ L'UN DES SUJETS! Maximum 2pages saisies, caractères 14, interlignes 1,5, times new romAN. BON TRAVAIL A TOUS!!!!!

lundi 3 novembre 2014

Alexis de Tocqueville (1835), Extrait De la démocratie en Amérique, Part. I, Chap. IV

CHAPITRE IV

DU PRINCIPE DE LA SOUVERAINETÉ DU PEUPLE
EN AMÉRIQUE
  
Il domine toute la société américaine. - Application que les Américains faisaient déjà de ce principe avant leur révolution. - Développement que lui a donné cette révolution. - Abais­se­ment graduel et irrésistible du cens.

Lorsqu'on veut parler des lois politiques des États-Unis, c'est toujours par le dogme de la souveraineté du peuple qu'il faut commencer.

Le principe de la souveraineté du peuple, qui se trouve toujours plus ou moins au fond de presque toutes les institutions humaines, y demeure d'ordinaire comme enseveli. On lui obéit sans le reconnaître, ou si parfois il arrive de le produire un moment au grand jour, on se hâte bientôt de le replonger dans les ténèbres du sanctuaire.

La volonté nationale est un des mots dont les intrigants de tous les temps et les despotes de tous les âges ont le plus largement abusé. Les uns en ont vu l'expression dans les suffrages achetés de quelques agents du pouvoir, d'autres dans les votes d'une minorité intéressée ou craintive; il y en a même qui l'ont découverte toute formulée dans le silence des peuples, et qui ont pensé que du fait de l'obéissance naissait pour eux le droit du commandement.

En Amérique, le principe de la souveraineté du peuple n'est point caché ou stérile comme chez certaines nations; il est reconnu par les mœurs, proclamé par les lois; il s'étend avec liberté et atteint sans obstacles ses dernières conséquences.

S'il est un seul pays au monde où l'on puisse espérer apprécier à sa juste valeur le dogme de la souveraineté du peuple, l'étudier dans son application aux affaires de la société et juger ses avantages et ses dangers, ce pays-là est assurément l'Amérique.

J'ai dit précédemment que, dès l'origine, le principe de la souveraineté du peuple avait été le principe générateur de la plupart des colonies anglaises d'Amérique.

Il s'en fallut de beaucoup cependant qu'il dominât alors le gouvernement de la société comme il le fait de nos jours.

Deux obstacles, l'un extérieur, l'autre intérieur, retardaient sa marche envahissante.

Il ne pouvait se faire jour ostensiblement au sein des lois, puisque les colonies étaient encore contraintes d'obéir à la métropole; il était donc réduit à se cacher dans les assemblées provinciales et surtout dans la commune. Là il s'étendait en secret.

La société américaine d'alors n'était point encore préparée à l'adopter dans toutes ses conséquences. Les lumières dans la Nouvelle-Angleterre, les richesses au sud de l'Hudson, exercèrent longtemps, comme je l'ai fait voir dans le chapitre qui précède, une sorte d'influence aristocratique qui tendait à resserrer en peu de mains l'exercice des pouvoirs sociaux. Il s'en fallait encore beaucoup que tous les fonctionnaires publics fussent électifs et tous les citoyens électeurs. Le droit électoral était partout renfermé dans de certaines limites, et subordonné à l'existence d'un cens. Ce cens était très faible au Nord, plus considérable au Sud.

La révolution d'Amérique éclata. Le dogme de la souveraineté du peuple sortit de la commune et s'empara du gouvernement; toutes les classes se compromirent pour sa cause; on combattit et on triompha en son nom; il devint la loi des lois.

Un changement presque aussi rapide s'effectua dans l'intérieur de la société. La loi des successions acheva de briser les influences locales.

Au moment où cet effet des lois et de la révolution commença à se révéler à tous les yeux la victoire avait déjà irrévocablement prononcé en faveur de la démocratie. Le pouvoir était, par le fait, entre ses mains. Il n'était même plus permis de lutter contre elle. Les hautes classes se soumirent donc sans murmure et sans combat à un mal désormais inévitable. Il leur arriva ce qui arrive d'ordinaire aux puissances qui tombent: l'égoïsme individuel s'empara de leurs membres; comme on ne pouvait plus arracher la force des mains du peuple, et qu'on ne détestait point assez la multitude pour prendre plaisir à la braver, on ne songea plus qu'à gagner sa bienveillance à tout prix. Les lois les plus démocratiques furent donc votées à l'envi par les hommes dont elles froissaient le plus les intérêts. De cette manière, les hautes classes n'excitèrent point contre elles les passions populaires; mais elles hâtèrent elles-mêmes le triomphe de l'ordre nouveau. Ainsi, chose singulière! on vit l'élan démocratique d'autant plus irrésistible dans les États où l'aristocratie avait le plus de racines.

l'État du Maryland, qui avait été fondé par de grands seigneurs, proclama le pre­mier le vote universel [1] et introduisit dans l'ensemble de son gouvernement les formes les plus démocratiques.

Lorsqu'un peuple commence à toucher au cens électoral, on peut prévoir qu'il arri­vera, dans un délai plus ou moins long, à le faire disparaître complètement. C'est là l'une des règles les plus invariables qui régissent les sociétés. À mesure qu'on recule la limite des droits électoraux, on sent le besoin de la reculer davantage; car, après chaque concession nouvelle, les forces de la démocratie augmentent et ses exigences croissent avec son nouveau pouvoir. L'ambition de ceux qu'on laisse au-dessous du cens s'irrite en proportion du grand nombre de ceux qui se trouvent au-dessus. L'exception devient enfin la règle; les concessions se succèdent sans relâche, et l'on ne s'arrête plus que quand on est arrivé au suffrage universel.

De nos jours le principe de la souveraineté du peuple a pris aux États-Unis tous les développements pratiques que l'imagination puisse concevoir. Il s'est dégagé de toutes les fictions dont on a pris soin de l'environner ailleurs; on le voit se revêtir suc­ces­sivement de toutes les formes, suivant la nécessité des cas. Tantôt le peuple en corps fait les lois comme à Athènes; tantôt des députés, que le vote universel a créés, le représentent et agissent en son nom sous sa surveillance presque, immédiate.

Il y a des pays où un pouvoir, en quelque sorte extérieur au corps social, agit sur lui et le force de marcher dans une certaine voie.

Il y en a d'autres où la force est divisée, étant tout à la fois placée dans la société et hors d'elle. Rien de semblable ne se voit aux États-Unis; la société y agit par elle-même et sur elle-même. Il n'existe de puissance que dans son sein; on ne rencontre même presque personne qui ose concevoir et surtout exprimer l'idée d'en chercher ailleurs. Le peuple participe à la composition des lois par le choix des législateurs, à leur application par l'élection des agents du pouvoir exécutif; on peut dire qu'il gouverne lui-même, tant la part laissée à l'administration est faible et restreinte, tant celle-ci se ressent de son origine populaire et obéit à la puissance dont elle émane. Le peuple règne sur le monde politique américain comme Dieu sur l'univers. Il est la cause et la fin de toutes choses; tout en sort et tout s'y absorbe.


[1]      Amendements faits à la Constitution du Maryland en 1801 et 1809.