lundi 15 février 2016

LES POLITIQUES PUBLIQUES

  Cours de politiques publiques
(Master 1)

Plan du cours

INTRODUCTION

CHAPITRE I- QU’EST-CE QU’UNE POLITIQUE PUBLIQUE ?
I.1. Définitions
I.2. Origines des politiques publiques
I.3- Typologie des politiques publiques

CHAPITRE II. LES MODALITES D’ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES
II.1. Critères d’une politique publique
II.2. Typologie  d’analyse des politiques publiques: pluralisme, corporatisme,
néo-corporatisme et étatisme
II.3. Les objectifs d’une politique publique

CHAPITRE III. EVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES
III.1 De l'évaluation des politiques publiques
III.2. De la finalité d’une évaluation des politiques publiques.
III.3. Evaluations des politiques publiques dans le cadre la modernisation de l’action publique
III.4. Diagrammes d’évaluation des politiques publiques


CONCLUSION










INTRODUCTION
Traditionnellement, dans les monarchies occidentales l’action publique avant le XVIIIe siècle se réservait la sphère du maintien de l’ordre et des affaires étrangères. Avec l’avènement de l’Etat moderne, surtout au XIXe siècle, l’intervention de l’Etat s’amplifie et se diversifie incluant notamment le secteur de la santé, de l’éducation, de la communication etc. C’est au XXe siècle que l’on verra s’épanouir les politiques de l’Etat-providence, caractérisées par le double souci de protection sociale et de redistribution des ressources y compris par la démocratisation des moyens d’accès au savoir. En outre, beaucoup de pays européens expérimenteront des formes d’interventionnisme étatique dans la sphère économique. Pour les pays africains après les indépendances, l’Etats fut le seul maître du jeu économique. Le recours à la planification – contraignante dans les pays du bloc socialiste, indicative et incitative à l’ouest de l’Europe –  et le rôle stratégique du secteur public sont les deux outils majeurs de cet interventionnisme, avec la politique d’incitation fiscale. Des mécanismes de régulation légale et réglementaire sont mis en place afin d’encadrer ou corriger les tendances du marché.
Aujourd’hui avec l’émergence de la notion de gouvernance liée au système de l’économie de marché, au triomphe du néolibéralisme, l’interventionnisme de l’Etat est sévèrement limité. Depuis l’effondrement des économies socialistes du camp soviétique, le mouvement s’est accéléré. Deux facteurs réduisent la puissance et le rôle de l’Etat dans la vie économique. Le premier facteur : la construction des organisations internationales telles que l’ONU, l’Union Européenne, l’UA, a favorisé un mouvement de déréglementation en imposant à tous les pays membres les logiques de libre concurrence dans tous les secteurs. Le second facteur de rééquilibrage est le net retour au local. Il se manifeste un peu partout en Europe, comme partout ailleurs dans le monde sous formes différentes. D’une part, il s’agit de forts mouvements régionalistes, voire nationaliste qui revendique et obtiennent parfois de larges dévolutions de compétences aux détriments de l’Etat central. D’autre part, on observe très fréquemment des mouvements de décentralisation au profit des régions ou des villes. La science politique contemporaine a pris acte de ces évolutions, voire de ces bouleversements.
L’analyse classique des politiques publiques se situait essentiellement dans le cadre national et privilégiait l’action top/bottom de l’Etat ou des collectivités territoriales ; et l’élargissement des échelles d’action spatiale impose un autre regard. L’analyse contemporaine a mis l’accent sur deux questions principales, d’ordre théorique et pratique. La première est celle du passage au politique d’un problème de société. A quelles conditions des enjeux collectifs, des ajustements d’intérêts catégoriels deviennent-ils objet de politique publique, appelant mobilisation de moyens administratifs et techniques, mises en œuvre de procédures, établissement de budgets ? La seconde est relative à l’univers des représentations, des savoirs et des perceptions qui constituent la toile de fond du processus décisionnel enclenché. Elaborer une politique publique, écrit Pierre Muller, suppose « une image de la réalité sur laquelle on veut intervenir ». C’est ce qu’il appelle le référentiel d’une politique. Les politiques publiques suivent-elles une intention ou une idée directrice globale ?

CHAPITRE I- QU’EST-CE QU’UNE POLITIQUE PUBLIQUE ?
Le concept « politiques publiques » est assez récent. Il a été introduit dans le langage des sciences politiques et administratives européennes dans les années 1970 comme la traduction littérale du terme anglais « public policy ». Ce dernier s’oppose au terme « la politique» («politics »), qui désigne les activités et les luttes des acteurs politiques traditionnels notamment les partis politiques, les groupes d’intérêts, les syndicats ou les nouveaux mouvements sociaux, visant la conquête du pouvoir législatif ou gouvernemental dans le respect des règles constitutionnelles et institutionnelles – ce que recouvre le terme de «polity». Il existe une multitude de définitions de la notion de politiques publiques. Dans son Introduction à l’analyse des politiques publiques, Thoenig en relevait au moins quarante dans les années 1980. Sans revenir sur ces différentes définitions, on peut néanmoins avoir une approche holistique du concept. Nous en face d’un concept à la fois un objet d’étude spécifique et une approche analytique relevant des sciences sociales.

 I.1 Définition du concept
            L’expression « politiques publiques » est un concept de science politique et sociale qui désigne les « interventions d’une autorité investie de puissance publique et de légitimité gouvernementale sur un domaine spécifique de la société ou du territoire »[1]. La notion peut être élargie pour indiquer ce que les gouvernements choisissent de faire ou de ne pas faire. C’est le produit de l’activité d’une autorité investie de puissance publique et de légitimité gouvernementale. Elle consiste en un programme d’actions propre à une ou plusieurs autorités publiques ou gouvernementales dans un secteur de la société ou dans un espace donné. Pour sa réalisation, il faut donc des activités orientées vers la solution de problèmes publics dans l’environnement, et ce par des acteurs politiques dont les relations sont structurées, le tout évoluant dans le temps. Il s’agit d’une décision « faite corps » qui se caractérise par des comportements cohérents et répétitifs de la part de ceux qui la font ainsi que de la part de ceux qui sont concernés en parallèle.
Il y a politiques publiques lorsqu’une autorité politique locale ou nationale tente, au moyen d’un programme d’action coordonné, de modifier l’environnement culturel, social ou économique d’acteurs sociaux saisis en général dans une logique sectorielle. Quoi que cette définition soit très holistique, elle tend à mettre l’accent soit sur les acteurs investis de pouvoirs publics, soit sur les problèmes collectifs à résoudre, soit sur les actions étatiques rapportées. En fin de compte, les spécialistes des politiques publiques s’accordent pour dire qu’une définition « opérationnelle » est nécessaire pour qualifier l’objet et le champ d’étude retenus.
En dernier ressort les politiques publiques peuvent être perçues comme la prise en charge de problèmes déterminés comme publics par des autorité investies d’une légitimité politique (Etat central, autorité locale, institution supra-nationales etc.) ; elles se traduisent par la mise en place de programmes d’action matériels (sous formes de subventions, d’allocations, de droits, de contraintes, d’équipement, d’infrastructures, de procédures, de dispositifs institutionnelles) et immatériels (sous la forme de la diffusion de normes, de cadres cognitifs ou d’injonctions) à destination de publics plus ou moins précisément ciblés[2].

I.2. Genèse des politiques publiques
Jusqu’au XVIIIe siècle : l’Etat conduit principalement trois politiques publiques qui sont celles de l’Etat régalien, à savoir les politiques de maintien de l’ordre, les politiques militaires et les politiques fiscales. L’action étatique est une intervention directe qui se fait à travers la mise en place d’instruments administratifs telle que la police, l’armée, la justice ainsi que par la production de règles de droit.  Au XIXe siècle : les politiques d’intervention directe sont à leur apogée et forment le socle de l’Etat-nation. D’autres politiques s’affirment alors dans le domaine des transports (chemin de fer) et de la communication (poste, télégraphe), dans le domaine de l’éducation (afin d’unifier la culture nationale). A la fin du XIXe siècle : les politiques redistributives font leur apparition, elles forment le socle de l’Etat-providence. La responsabilité est perçue comme collective et non plus seulement individuelle, d’où la mise en place de systèmes d’assurance collective pour les accidents du travail. Après la deuxième guerre mondiale : l’Etat devient un Etat producteur, il accroît son intervention dans le domaine économique afin d’accélérer la reconstruction, étend la couverture des systèmes de protection sociale. Depuis les années 1970 : l’interventionnisme de l’Etat est fortement remis en cause, ce qui conduit à mettre un accent plus important sur les politiques procédurales. L’Etat devient un Etat régulateur qui intervient désormais indirectement, en interaction avec d’autres acteurs, et ne fait plus tout lui-même. 
 Dès lors, les questions de politiques peuvent être divisées en deux catégories : celles qui figurent déjà au programme des politiques publiques et celles qui n’y figurent pas. Si une question figure déjà au programme des politiques publiques, cela signifie qu’elle a un profil suffisamment élevé et qu’un processus officiel est vraisemblablement en place. Si une question ne figure pas au programme des politiques publiques, le travail des intervenants ou de la collectivité consiste à fournir des renseignements et à prendre d’autres mesures pour sensibiliser le gouvernement à la question et la faire inscrire au programme. Gerston (1997) suggère qu’une question sera inscrite au programme des politiques publiques et y restera si elle satisfait au moins à un de trois critères suivants : portée suffisante, touchant un nombre important de personnes ou de collectivités, intensité, si l’ampleur des répercussions est élevée et temps, si elle est soulevée depuis très longtemps.

I.3 Une typologie des politiques publiques
Il y a plusieurs typologies établies des politiques publiques mais nous recensons les différents types généralement observés et qui se rejoignent. Pour établir cette typologie nous partirons deux déterminants fondamentaux à savoir : le type de ressortissant d’une politique publique. Les ressortissants sont les individus, groupes et organisations concernés par la politique publique. La politique publique peut chercher à modifier des comportements individuels ou bien des collectifs moins spécifiés. Et le type de contrainte auquel les instruments utilisés renvoient : la contrainte peut être soit directe, soit indirecte. Ainsi nous avons ces différents de types de politiques publiques : 
  • les politiques réglementaires : ces politiques visent les individus au moyen d’une contrainte directe (obligation scolaire, limitations de vitesse pour les automobilistes, port du casque pour les deux-roues, etc.) ; 
  • les politiques allocatives (ou distributives) : elles visent les individus au moyen d’une contrainte indirecte (attribution de permis de construire, prestation sociale sous conditions spécifiques). Un individu bénéficie d’une action publique s’il remplit un certain nombre de conditions ; 
  • les politiques redistributives : elles concernent des groupes au moyen d’une contrainte directe (sécurité sociale, politique fiscale). Dans ce cas, l’Etat fixe des règles concernant un groupe spécifique. Le groupe entier est alors soumis à une obligation précise (exemple : obligation de cotiser pour la Sécurité sociale) ; 
  • les politiques procédurales (ou constitutives) : elles constituent des contraintes indirectes pour des groupes. Elles passent, le plus souvent, par la mise en place de dispositifs institutionnels (exemple : contrat de plan Etat-région). La puissance publique encadre les politiques publiques en édictant des règles sur les procédures à suivre. 
  • Des principes métaphysiques généraux : ils orientent la vision du monde des scientifiques (dans le domaine de l’action publique, ce sont les récits globaux du fonctionnement de la société, par exemple le paradigme néolibéral) ; 
  • des hypothèses et des lois : ce sont des axiomes, des théories d’action et des raisonnements qui font le lien entre des principes globaux et les systèmes d’action publique concrets (ce sont les normes d’action que sous-tend un ensemble idéologique) ; 
  • une méthodologie : elle délimite les comportements légitimes (dans l’action publique, ce sont les rapports entre les acteurs qui peuvent être hiérarchiques ou partenariaux) ; 
  • les instruments et les outils : ils permettent l’observation scientifique (dans l’action publique, ce sont les dispositifs d’interventions telles que les aides sectorielles ou les protections douanières).  
  • les valeurs : les représentations les plus fondamentales sur ce qui est bien ou mal, désirable ou à rejeter. Elles définissent un cadre global de l’action publique ; 
  • les normes : elles définissent des principes d’action plus que des valeurs, par exemple l’exigence de modernisation de l’agriculture ; 
  • les algorithmes : ils sont des relations causales qui expriment une théorie de l’action. Ils peuvent être exprimés sous la forme "si... alors" : "si le gouvernement laisse filer la monnaie, alors les entreprises gagneront en compétitivité" ; 
  • les images : elles sont des vecteurs implicites de valeurs, de normes ou même d’algorithmes. Ce sont des raccourcis cognitifs qui font sens immédiatement. Par exemple, c’est le jeune agriculteur dynamique et modernisé. 
  • le référentiel global : c’est "une représentation générale autour de laquelle vont s’ordonner et se hiérarchiser les différentes représentations sectorielles. Il est constitué d’un ensemble de valeurs fondamentales qui constituent les croyances de base d’une société, ainsi que de normes qui permettent de choisir entre des conduites"
le référentiel sectoriel : c’est "une représentation du secteur, de la discipline ou de la profession".

CHAPITRE II. LES MODALITES D’ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES

II.1. Critères d’une politique publique
Une politique publique est comme un enchaînement de décisions ou d’activités, intentionnellement cohérentes, prises par différents acteurs, publics et parfois privés, dont les ressources, les attaches institutionnelles et les intérêts varient, en vue de résoudre de manière ciblée un problème défini politiquement comme collectif. Cet ensemble de décisions et d’activités donne lieu à des actes formalisés, de nature plus ou moins contraignante, visant à modifier le comportement de groupes sociaux supposés à l’origine du problème collectif à résoudre (groupe-cible), dans l’intérêt de groupes sociaux qui subissent les effets négatifs dudit problème (bénéficiaires finaux). Partant plusieurs éléments constitutifs de l’essence d’une politique publique peuvent être ainsi relevés :
a.      Solution à un problème public
Une politique publique vise à résoudre un problème social reconnu politiquement comme public, et nécessitant le rétablissement de la communication interrompue ou menacée entre plusieurs acteurs sociaux. Cela suppose la reconnaissance d’un problème c’est-à-dire une situation d’insatisfaction sociale dont la résolution est soumise à l’action du secteur public.
 b. Existence de groupes-cibles à l’origine d’un problème public
Toute politique publique vise à orienter le comportement de groupes-cibles, soit directement, soit en agissant sur leur environnement. Le « modèle de causalité » qui sous-tend la cohérence de la politique publique conduit à identifier les groupes-cibles de la politique, c’est-à-dire les groupes sociaux dont on suppose que le comportement est à l’origine du problème public à résoudre.
 c. Cohérence  intentionnelle
Une politique publique est mise en œuvre avec une orientation donnée. Elle suppose une «théorie du changement social » ou « un modèle de causalité » que la politique publique tentera d’appliquer pour résoudre le problème public considéré. Elle suppose également que les décisions ou activités prises soient liées les unes aux autres. Ainsi, un manque de cohérence se manifestera par une coïncidence purement occasionnelle de mesures qui visent les mêmes groupes-cibles mais qui ne sont pas, selon l’intention du législateur, liées les unes aux autres.
d. Existence de plusieurs décisions et activités
Les politiques publiques se caractérisent par un ensemble d’actions qui dépassent le niveau de la décision unique ou spécifique, tout en restant en deçà d’un « mouvement social général ».
e. Programme d’interventions
Cet ensemble de décisions et d’actions doit, en outre, contenir des décisions plus ou moins concrètes et individualisées (décisions relatives au programme et à son application). Un plan de mesures ne peut être considéré en tant que tel comme un élément d’une politique publique que si des mesures individuelles, faisant l’objet de définitions explicites, sont appliquées (au moins partiellement). Un programme d’interventions sans suite n’est pas une politique publique ; il ne constitue qu’un produit parmi d’autres éléments constitutifs d’une politique publique.
 f. Le rôle clé des acteurs publics
Cet ensemble de décisions et d’actions ne peut être considéré comme une politique publique que dans la mesure où ceux qui les prennent agissent en tant qu’acteurs publics. Autrement dit, il faut qu’il s’agisse d’acteurs appartenant au système politico-administratif, ou bien d’acteurs privés investis de la légitimité de décider ou d’agir sur la base d’une délégation fondée sur une règle juridique. Si cette condition n’est pas remplie, un tel ensemble de décisions (qui, de fait, peuvent également être contraignantes pour des tiers) sera considéré comme une politique « corporatiste » ou même « privée ». Ainsi plusieurs « politiques » menées par les entreprises multinationales relèvent de décisions et de responsabilités strictement internes.
 g. Existence d’actes formalisés
Une politique publique suppose la production d’actes ou outputs censés orienter le comportement de groupes ou d’individus supposés à l’origine du problème public à résoudre. En ce sens, notre définition d’une politique publique suppose l’existence d’une phase de mise en œuvre concrète des mesures décidées. Cependant, l’analyse des politiques publiques conduit dans certains cas à mettre en évidence une non intervention de l’acteur politico-administratif ou l’absence de recours à un certain nombre d’instruments d’intervention.

II.2. Paradigmes  d’analyse des politiques publiques: pluralisme, corporatisme, néo-corporatisme et étatisme

Il est possible de recenser différents paradigmes d'analyse des politiques publiques :
Le paradigme pluraliste étudie les situations où le processus de décision politique est la résultante d’une interaction entre une multitude d'acteurs. Cette théorie anglo-saxonne sert à rendre compte d’une réalité politique où une multitude de groupes d’intérêts représente des intérêts divergents et sont reconnus en tant qu’acteurs légitimes non seulement par l’État mais aussi par les autres groupes d'intérêts concurrents. Ce paradigme correspond le plus à l'idée libérale d'un Etat-gendarme dont l'intervention est limitée au strict nécessaire.
Le paradigme corporatiste étudie les cas où ce processus résulte principalement d'une collaboration entre des corporations, qui représentent la société civile de manière structurée. Il a été beaucoup utilisé pour décrire le fonctionnement de la société allemande dans les années 1980.
Le paradigme néo-corporatiste considère que certains acteurs sont dominants et co-produisent les politiques publiques avec l'État. Il sert à étudier beaucoup de politiques récentes, notamment en Allemagne.
Le paradigme étatiste est utile pour l'analyse des situations où l'État est l'acteur principal -voir exclusif- des politiques publiques. Il peut correspondre au système socialiste. Une version moins extrême renvoie aux systèmes bureaucratiques français développés après-guerre, dans le cadre de grands plans étatiques.

II.3. Les objectifs d’une politique publique
Les politiques publiques permettent d’atteindre des objectifs divers, au nombre desquels, on peut citer :

·         assurer l’éducation des citoyens ;

·         assurer la sécurité et le maintien de l’état de droit ;

·         maximiser le bien-être et le revenu par habitant ;

·         permettre le plein emploi et éviter la pauvreté subie ;

·         assurer la situation sanitaire des populations (campagne de prévention contre certaines maladies endémiques comme le SIDA, campagne de soins, campagne de vaccinations) ;

·         assurer la circulation des personnes et des biens (mise en place de réseaux de transport)

·         jouer un rôle de redistribution, lorsque l’égalité des chances n’est pas assurée initialement.


CHAPITRE III. DE L’EVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES
Améliorer dans la durée la performance de l’action publique est un enjeu majeur pour le gouvernement. Dans cette optique, ce dernier a engagé, depuis 2012 et pour la première fois en France, une démarche d’évaluation de l'ensemble des politiques publiques. Qu'est-ce que l'évaluation des politiques publiques ? Quelles sont les spécificités des évaluations menées dans le cadre de la modernisation de l’action publique ? Fortement liée à la rationalisation de l’action publique, l’évaluation vise à déterminer dans quelle mesure une politique publique a atteint les objectifs qui lui sont assignés, et produit les impacts escomptés auprès des publics concernés.
III.1 Qu’est-ce l'évaluation des politiques publiques
Evaluer une politique publique, c’est juger de sa valeur au regard d’un ensemble de critères, en vue de l’améliorer et d’éclairer la prise de décision. Il s’agit « d'apprécier, dans un cadre interministériel, l'efficacité de cette politique en comparant ses résultats aux objectifs assignés et aux moyens mis en œuvre ». Plus largement, l’évaluation vise à la construction d’un jugement sur la valeur de l’intervention publique qui se fonde sur « ses résultats, ses impacts et les besoins que cette intervention cherche à satisfaire»[3] et s’appuyant sur des données empiriques collectées et analysées spécifiquement à cet effet. L’évaluation se distingue du contrôle de légalité, consistant à vérifier la conformité avec le cadre légal et réglementaire, et de l’audit, tourné vers la maîtrise des risques. Plusieurs méthodologies et modalités coexistent, en fonction des contextes et enjeux. L’évaluation peut ainsi être interne ou externe, réalisée avant (« ex ante »), pendant (« in itinere ») ou après (« ex post ») l’intervention publique. L’évaluation des politiques publiques (EPP) est une pratique promue depuis de plus de 20 ans en France et sur le plan international, notamment par l’ONU, l’OCDE (aide au développement), l’Union européenne.
III.2. De la finalité d’une Evaluation des politiques publiques.
Pour les commanditaires d’une évaluation, l’évaluation sert à :
  • Connaître, décrire et mesurer (sans juger) la réalité d’un programme ou d’une intervention, sa réponse à un besoin, l’atteinte de ses objectifs et de ses effets ou le chemin qui reste à parcourir pour y arriver. C’est la finalité dite cognitive de l’évaluation. « Concrètement, il s’agit d’identifier si les groupes cibles visés par une politique en particulier ont effectivement modifié leurs comportements (impacts ?) et si, par-là, la situation des bénéficiaires finaux, jugée initialement problématique, s’est réellement améliorée»[4] ;
  • Juger : l’évaluation aide les responsables politiques à porter un jugement sur les réussites et échecs des interventions reposant sur des données empiriques et des critères explicites, ainsi qu’une analyse étayée (finalité normative) ;
  • Améliorer et décider comment le faire : l’évaluation sert à alimenter la prise de décision, par exemple via la réorientation stratégique ou l’adaptation opérationnelle des politiques publiques (finalité instrumentale).

III.3. Evaluations des politiques publiques dans le cadre la modernisation de l’action publique

Le gouvernement a lancé en décembre 2012 une démarche d’évaluation ex post de l’ensemble des politiques publiques dans le cadre de la Modernisation de l’Action Publique (MAP). Affaires sociales, éducation nationale, justice, écologie, logement, territorial… de nombreuses politiques ministérielles, interministérielles et partagées avec les collectivités locales sont couvertes. La démarche d’évaluation des politiques publiques dans le cadre de la MAP repose sur 4 principes directeurs :
1. Aide à la décision
Résolument tournées vers l’action, ces évaluations sont conçues comme une aide à la décision politique. A partir des problématiques clés relevées lors de la phase de diagnostic, une évaluation vise à proposer des scénarios de transformation / de réforme destinés à améliorer l’action publique en question.
2. Participation et transparence
Les usagers et bénéficiaires sont consultés, notamment sur leurs attentes vis-à-vis de la politique évaluée. Les principaux acteurs publics concernés (Etat, collectivités locales, organismes sociaux, opérateurs…) sont associés à la démarche, afin de construire une vision collective des enjeux, objectifs, résultats et modalités de mise en œuvre de chaque politique. La démarche promeut la transparence : les rapports d’évaluation ont vocation à être rendus publics et les citoyens à être informés sur le déroulement du processus.
3. Analyse multicritère
Les politiques publiques sont analysées au travers des critères évaluatifs standards listés plus bas, mais aussi au regard des grandes orientations de la modernisation de l’action publique (simplification, innovation, numérique, ouverture des données…). 
4. Méthode
Les évaluations sont régies par une méthode structurée autour d’une gouvernance participative et d’un protocole de travail  précis, qui s’applique aux commanditaires, aux évaluateurs et aux parties prenantes.

III.4. Diagrammes d’évaluation des politiques publiques

Comment sont évaluées les politiques publiques ? Une évaluation d’une politique publique (EPP) réalisée dans le cadre de la MAP s’appuie sur : une étude exhaustive de la documentation disponible et des travaux déjà produits ; des techniques d’analyse (statistiques, économétrie, data sciences, coûts, impacts, effets de levier…), d’enquête (entretiens, déplacements sur le terrain…) et de consultation (questionnaires, sondages, focus groupe…).

Chaque politique publique est étudiée à travers un ensemble de critères évaluatifs standards, notamment : efficacité, efficience, cohérence, utilité, pertinence.

Dans le cadre de la modernisation de l’action publique, la méthode d’évaluation comporte 3 phases :

 

 CONCLUSION

L’évolution récente des modes d’élaboration des politiques publiques dans les Etats européens illustre un certain retrait de l’Etat et une crise de la démocratie représentative qu’atteste la montée des populismes. Du fait de l’allongement et de la complexification des processus décisionnels qui, aujourd’hui, comportement le plus souvent à la fois une dimension européenne et une dimension locale (effet de la décentralisation), on ne peut plus véritablement raisonner comme si la décision finale était le fruit discrétionnaire de la volonté des dirigeants politiques ou résultait du simple exercice de compétences institutionnelles rigoureusement définies. C’est pourquoi on assiste à de nouveaux développements de l’analyse scientifique[5].

BIBLIOGRAPHIE

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[1] Jean-Claude THOENIG, Dictionnaire des politiques publiques, 4e édition, Presses de Sciences Po, 2014.
[2] Patrick HASSENTEUFEL, « Politiques publiques » in Le dictionnaire des sciences humaines, Sylvie Mesure et Patrick Savidan (dir.), Paris PUF, 2006.
[3] La communication sur l’évaluation de la CE SEC(2000)1051  définit l’évaluation ainsi: evaluation is a “judgement of interventions according to their results and impacts, and the needs they aim to satisfy”
[4] Knoepfel, Peter; Larrue Corinne; Varone Frédéric, Analyse et pilotage des politiques publiques,  Verlag Rüegger, p. 242.
[5] Philippe Braud, Sociologie politique, 9e édi. Paris, L.G.D.J, 2008, p. 692.

mardi 9 juin 2015

EXTRAIT DE L'OEUVRE L'ETAT-FORT POUR LA PAIX DURABLE EN AFRIQUE, Dr. EZOUAH LEON KOFFFI

La physionomie de l’Etat en Afrique : La présence du Behemoth, monstre du chaos.

Si la conception postmoderniste de la présence de l’Etat dans la République semble être en contradiction avec le concept d’Etat-fort apparenté au Léviathan, cependant, il n’est pas moins urgent en Afrique d’insister sur l’idée de l’Etat-fort. Au regard de la physionomie de l’Etat dans plusieurs Républiques Africaines, il est nécessaire de réaffirmer que le concept d’Etat-fort, est la solution obligée pour leur stabilité et pour l’avènement d’une culture démocratique du pouvoir et de son exercice dans une certaine Afrique en conflits. Nonobstant ces critiques contemporaines, nous proposons le Léviathan comme mythe du pouvoir d’Etat pour former un nouvel imaginaire du pouvoir politique en Afrique c’est-à-dire une nouvelle perception du pouvoir. Car le Behemoth, monstre du chaos, y innerve l’existence politique.
C’est une solution philosophique dans le contexte de crises sociales, politiques et militaires à répétition. Nous parlons d’un nouvel imaginaire pour la simple raison que dans la situation actuelle le pouvoir est banalisé soit par excès soit par défaut. Par excès, il est signifié que ceux qui le détiennent en font un instrument au service de l’arbitraire, engendrant ainsi dans l’esprit des citoyens un dédain qui se traduit par exemple dans la généralisation de la corruption à tous les niveaux de l’administration publique. Par défaut, il est aussi signifié que les opposants, des personnalités puissantes, quelques multinationales et même quelques Etats puissants cherchent, par tous les moyens, à l’affaiblir pour satisfaire, pour les uns leurs ambitions et pour les autres leurs intérêts.
De ce fait, plusieurs raisons militent en faveur de l’opportunité du mythe du Léviathan que nous interprétons comme augurant de l’avènement de l’Etat-fort sur le continent. Pour le besoin, retenons deux raisons principales : la première concerne le jeu démocratique des partis politiques africains et la seconde est la non-représentativité de toutes les couches sociales et culturelles dans les institutions de l’État.
D’abord, la démocratie des partis politiques montre que lorsqu’un parti politique est au pouvoir, il tend à écarter les autres partis des institutions de l’État– et l’expérience actuelle le prouve – afin d’avoir les mains libres pour gouverner. Ainsi, force est de constater que les nominations à la tête des différentes institutions de l’État se font parmi les membres du parti. Cela pose problème lorsque le parti au pouvoir s’arroge certains privilèges économiques et judiciaires au détriment de toute la République. L’accession au pouvoir d’État devient donc un moyen de promotion pour tous les compagnons de même parti et comme une récompense exclusive. Le problème se situe encore au niveau de la manière d’accéder au sommet de l’État, lorsqu’il s’agit d’un gouvernement issu de putsch, d’élections contestées et rejetées par les autres partis ou de rébellion, etc. 
Il va sans dire que les autres partis se sentant lésés œuvreront contre les détenteurs du pouvoir d’État et donc contre l’État. Par conséquent, les gouvernements d’union nationale – qui parurent surtout à partir de 1995 comme des solutions miracles à ces cas de figure – deviennent les lieux où les opposants trouvent l’occasion de saper le pouvoir de l’État. Ils œuvrent à l’intérieur des gouvernements pour les faire échouer. Sans vouloir répéter certain slogan, car ce sont des faits avérés dans une certaine Afrique, il arrive que ces derniers trouvent des puissants pour les soutenir à travers une rébellion armée. Ils s’y adonnent volontiers jusqu’à ce que le pouvoir change de main sans toutefois changer la donne. A leur tour le pouvoir d’État deviendra un butin de guerre et une promotion sociale. Dans les deux cas l’État est réduit à son aspect d’appareil répressif, et devient pour les citoyens comme un monstre froid selon Nietzsche : « l’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : moi l’État, je suis le peuple. »[1]L’État devient aussi selon la critique de Lénine « l’organisation spéciale d’un pouvoir : c’est l’organisation de la violence destinée à mater une certaine classe.»[2] 
Ensuite, cela met en lumière toute la difficulté des États africains à être représentatifs de toutes les composantes du corps politique et social. Il n’est pas rare de trouver que tout l’appareil de l’État est détenu par une seule classe d’individus appartenant soit à un même bord politique soit à une même ethnie ou à une même région. Le corollaire est que les ressources communes sont pour la plupart mises à la disposition d’une seule région qui est celle des membres du parti au pouvoir. Cela conduit au clientélisme de l’État. Le concept « d'État clientélaire » [3] a parfois été mentionné à ce propos pour identifier un système politique dans lequel un parti dominant s’accapare l'appareil étatique, les biens publics et le système de leur distribution, dans le but de préserver son hégémonie. Il s'accompagne d'un usage discrétionnaire des ressources publiques, qui contredit les règles de l'État de droit et celles de l'impartialité bureaucratique et de la justice distributive.
Les gouvernants mettent à la disposition de leur région d’origine et de leur bastion politique tous les biens de l’État dans la seule intention de conserver leur électorat et de fidéliser leur zone culturelle d’appartenance. Toute l’énergie de l’État est concentrée dans une seule direction. Les politiques sociales, les programmes d'aménagement urbain ou les aides au développement économique sont tous destinés aux régions favorables au parti en place. La seule contrepartie qui lui est due par ses régions ou par son groupe ethnique, est de lui accorder d’office leur suffrage lors des élections, ou lors d’un coup de force. L’État n’est donc plus le signe de l’unité du peuple. Il donne lieu à l’exaltation d’un certain groupe d’individus qui s’en croient propriétaires. L’Etat devient par conséquent le lieu d’impunité, d’injustice subie par les autres membres de la République. Croyant s’assurer par là une certaine stabilité et une certaine pérennité, l’État clientélaire donne lieu au non-respect des lois censées le maintenir tant par les partisans du régime que par le reste du peuple. En outre, dans sa forme radicale l’Etat clientélaire aboutit à la fratricide, où les citoyens deviennent des ennemis « chacun contre chacun ».
Ainsi s’installe le désordre où chaque citoyen ne reconnaît aucune autorité à l’État. Les uns par le fait que les dirigeants ont monnayé leur civisme par leur allégeance de fait, les autres par le fait de la partialité des institutions étatiques. Dès lors, l’appareil étatique devient plus un outil de répression contre « les non partisans » ou les « opposants » et un instrument de défense et de protection pour les membres du parti au pouvoir : on ne peut ni parler d’Etat encore moins de République. L’État n’existe simplement pas dans un tel contexte pour la raison qu’il ne représente ni n’organise le corps politique en son ensemble. Il n’est que le pouvoir du plus fort ainsi que le règne de l’arbitraire. La loi ne s’applique pas à tous les citoyens de la même manière. Elle semble être taillée sur mesure au détriment de la non-clientèle. Par conséquent, l’État porte en son flanc les germes de sa propre destruction et de la guerre civile. De ce fait, selon la perspective hobbesienne, il s’agit moins d’un Etat civil que d’un état de nature; un Etat en perpétuel conflit[4].



[1] Friedrich NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, trad. Henri Albert, Paris, Mercure de France,
1989, p.66.
[2] LENINE, L’Etat et la révolution, chap.II,1, Paris, Ed. Sociales, 1917, p.37.
[3] Le clientélisme est un rapport entre des individus de statuts économiques et sociaux inégaux (le « patron » et ses « clients »), reposant sur des échanges réciproques de biens et de services et s'établissant sur la base d'un lien personnel habituellement perçu dans les termes de l'obligation morale. Envisagé de cette manière, il s'agit d'un phénomène attesté dans des contextes sociaux très divers. Dans la Rome antique, les patriciens entretenaient une vaste clientèle d'affidés à laquelle, en contrepartie de son allégeance et de son soutien politique, ils apportaient leur protection économique et prodiguaient leurs largesses (Paul Veyne). À l'époque féodale, la relation unissant un vassal à son seigneur supposait des engagements de nature privée impliquant la fidélité et l'assistance mutuelles (Marc Bloch). Dans la plupart des sociétés traditionnelles, les détenteurs de l'autorité se devaient de justifier leur pouvoir et leur prestige en distribuant une partie de leurs richesses à leurs subordonnés, sous la forme de dons, de prébendes ou d'assistance. (Jean Louis BRIQUET, article sur le « clientélisme » in encyclopédie universalis, 2013, version électronique.)
[4] Thomas HOBBES, Léviathan, chap. XIII.