Ebola en Afrique de l’ouest : le mythe de la solidarité
africaine
Bientôt un an que la fièvre à Ebola a refait son apparition
en Afrique, cette fois dans l’ouest du continent. Son évolution est des plus inquiétantes,
car elle a déjà fait plus de 5000 victimes (en Guinée, Libéria, Sierra Léone,
Nigéria, Mali). Son expansion et sa progression suscitent beaucoup
d’inquiétude. Aucun pays, fut-il à des millions de km, n’est épargné.
S’il faut s’interroger sur le fait que cette fois-ci
l’apparition de la fièvre à virus Ebola est plus difficile à maîtriser, cependant
il faut encore plus s’interroger sur la léthargie des États africains ainsi que
des organisations politiques et économiques sous-régionales. Le délai de
réaction par exemple de la CEDEAO est des plus déconcertants et les mesures adoptées
par celle-ci dont plusieurs pays membres sont touchés en dit long sur la signification
encore aujourd’hui de la solidarité africaine. Existe-t-elle encore, cette
solidarité tant vantée en Afrique ou est-elle simplement un mythe?
À en croire la réaction des uns et des autres États voisins
immédiats ou non, force est de reconnaître que la solidarité dans ce cas
d’espèce ne fut pas du tout africaine, mais occidentale. Bien au contraire ce
que furent les premières réactions des voisins des pays touchés est la
fermeture des frontières, l’interdiction de vols et de tout contact, etc.
Aucune aide conséquente n’a été signalée à l’horizon. Chacun se barricadant chez
soi sans prendre la mesure de l’ampleur du problème. Les pays victimes d’Ebola
ont expérimenté l’abandon et l’isolement des autres États frères. Un proverbe
africain ne dit-il pas que : « lorsque
la case de ton voisin brûle, il faut l’aider à éteindre le feu plutôt qu’attendre
chez soi pour prévenir le feu » Car mieux on s’unira à lui pour éteindre le
feu, moins on risque à son tour un incendie chez soi ….
Cette même attitude est observée par les organisations
politiques comme l’UA et la CEDEAO, la CEMAC, l’UEMOA, etc. qui sont restées
indolentes dans cette crise en laissant le soin à l’Union Européenne et bien
d’autres organismes occidentaux la responsabilité de trouver les moyens financiers
nécessaires. Jusques à quand les institutions, les organismes et les
organisations africains seront aussi capables de réagir efficacement face des
situations de crise sans toutefois laisser le soin à d’autres d’agir à leur
place. Un autre fait marquant est à signaler, et nous ne sommes pas les
premiers à en parler, car Jeune Afrique s’était déjà interroger sur le rôle des
milliardaires Africains dans cette crise.
« Mais où sont passés les milliardaires africains ?
Alors que Bill Gates,
cofondateur de Microsoft, et Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, annoncent donner
respectivement 50 et 25 millions de dollars (soit près de
40 millions et de 20 millions d'euros) à la lutte contre Ebola, leurs
homologues du continent se murent dans un silence assourdissant. Pas de
nouvelles du Nigérian Aliko Dangote, l'Africain le
plus riche (29e mondial), avec une
fortune estimée à 22,8 milliards de dollars. Ni d'Isabel dos Santos, 7e fortune d'Afrique (et femme la plus riche du continent),
472e mondiale, avec 3,4 milliards de dollars d'avoirs. Ni de
l'Égyptien Nassef Sawiris, 4e sur le continent et 243e au niveau mondial.». (Jeune Afrique du 5/11/2014, par Clarisse Juompan-Yakam).
Peut-on encore parler de solidarité
africaine face à l’indifférence notoire dont font montre les États africains et
les organisations économiques et politiques sous-régionales ainsi que ces
milliardaires du continent? Par ailleurs, il n’est pas encore tard pour prouver
l’efficacité de la solidarité africaine dans pareilles situations. Nous
pourrions vaincre Ebola si nous unissons nos forces et nos moyens.
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